- AHRAM (AL-)
- AHRAM (AL-)AHRAM AL-Fondé en 1875, le quotidien égyptien Al-Ahram («Les Pyramides») est l’un des vétérans de la presse du pays. Mais c’est son histoire récente qui retient principalement l’attention; en effet, en tant que premier quotidien d’Égypte, il a connu une évolution qui a été rythmée par les événements politiques majeurs du pays et qui ne peut se comprendre que par référence au régime général de la presse égyptienne.L’une des dates les plus importantes à cet égard est celle de la Constitution de 1936, qui resta en vigueur jusqu’en 1952 et qui assouplissait le contrôle gouvernemental sur les organes d’information en retirant au pouvoir le droit de suspendre ceux-ci par acte administratif. Mais c’est la révolution de Gamal Abdel Nasser, en 1952, qui ouvrit une ère nouvelle pour Al-Ahram et pour toute la presse. En mai 1960, celle-ci est nationalisée par un décret qui dépossède les propriétaires des organes d’information et confie le contrôle de ces derniers à l’Union nationale devenue par la suite l’Union socialiste arabe. Cette réforme exprime la volonté du gouvernement «d’empêcher la domination des capitalistes».Al-Ahram bénéficie cependant d’une position relativement à part dans la presse d’information et d’opinion. Tandis que les autres journaux font alors preuve d’un grand conformisme et suivent docilement les orientations tracées par l’Union socialiste arabe, Al-Ahram se caractérise par son franc-parler à l’égard des autorités publiques. Il doit ce privilège à la personnalité de son rédacteur en chef Mohammed Hassanein Heykal et aux relations que celui-ci entretient avec le Raïs. Heykal passe pour être le confident de Nasser et même, selon certains, il n’a pas hésité à souligner la médiocrité de certaines forces armées égyptiennes et de leurs généraux et à critiquer certains aspects de la politique étrangère de l’Égypte.C’est probablement une telle intransigeance qui valut à Heykal sa disgrâce et son remplacement, en février 1974, à la tête de Al-Ahram , bien qu’il eût gardé de bonnes relations avec le pouvoir, même après le décès de Nasser, en 1970, et continué d’exercer un rôle majeur dans la vie politique égyptienne. Mais il s’était opposé à certaines décisions importantes du président Sadate, en particulier au renvoi des conseillers soviétiques. Heykal était en effet très attaché au principe de l’autonomie nationale et, bien que favorable à une amélioration des rapports avec les États-Unis, qu’il estimait nécessaire pour équilibrer l’influence soviétique, il ne souhaitait pas l’établissement de relations privilégiées avec ceux-ci. La véritable rupture avec le président Sadate remonte, en fait, au conflit israélo-arabe d’octobre 1973. Le départ de Heykal est interprété par beaucoup comme une rupture assez nette avec les traditions du nassérisme.Dans les années 1990, Al-Ahram reste le premier quotidien égyptien, avec un tirage qui s’élève, selon les directeurs de la publication, à 900 000 exemplaires environ.Le rayonnement dont a joui le quotidien s’explique par le fait qu’il était considéré comme le porte-parole des vues nassériennes. Le tirage, par exemple, augmentait de plus de cent mille exemplaires le vendredi, jour où paraissait l’éditorial hebdomadaire de Heykal, les articles de ce dernier représentant alors la meilleure source d’information concernant les choix de Nasser et de l’équipe au pouvoir. D’ailleurs, la rédaction de Al-Ahram constitue depuis 1952 le cercle où prend son départ la carrière de nombre de ministres et de conseillers de la présidence; ainsi le journal ne se contente pas de répercuter les idées gouvernementales, il participe à leur élaboration.
Encyclopédie Universelle. 2012.